- C i t o y e n s . d u . n e t
Denis Beauregard
Nos racines
par Jean-Hugues Roy
Z-mag : Il y a donc des gens vous écrivent parce que vous êtes
devenu un expert en généalogie?
Denis Beauregard : Oui, mais c'est lourd à gérer. Quand des gens me
posent des questions, je vais souvent leur répondre de poster leur
question publiquement dans un newsgroup approprié, parce que je ne
veux pas devenir une béquille pour ces gens-là. Je vais
être plus gentil pour ceux qui participent aux discussions sur
les news, qui répondent parfois aux questions posées par les
autres. Mais quelqu'un qui arrive de nulle part avec sa question, et
surtout si la question aurait dû être posée au
groupe... t'sé, je reçois entre 300 et 400 lettres par
mois! Pensez-y avant de m'envoyer quelque chose!
Z-mag : Quelles sont les questions qu'on vous pose le plus
souvent?
Denis Beauregard : Les gens veulent savoir quelle ressource est
disponible pour trouver tel ancêtre. Il y a des gens qui s'imaginent
qu'en donnant le nom de leur ancêtre et l'année où il
est né, qu'on peut retrouver d'où vient cette personne.
Z-mag : Y a-t-il des gens qui vous écrivent : «
Bonjour. Mon nom est Monsieur Untel. Qui est mon ancêtre? »?
Denis Beauregard : Je ne suis pas l'Institut Drouin!
Je demanderais assez cher pour ça! Mais si quelqu'un
m'écrit pour faire faire son arbre, je le dirige
vers des gens qui font ça à temps perdu, et ça
coûte environ 400 $.
Z-mag : Est-ce que votre intense activité sur le réseau a un impact sur votre vie sociale? Il y a des gens qui passent tellement de temps
sur le réseau qu'on dirait qu'ils n'ont pas de famille, pas d'amis,
sauf leur ordinateur. Est-ce que c'est votre cas?
Denis Beauregard : Le Net et la vie sont deux mondes.
Mais remarquez, la
généalogie peut être une passion tout aussi envahissante que le Net. Il y a bien des
gens qui trouvent que ceux qui font de la généalogie perdent
contact, à un moment donné, avec le reste du monde.
Personnellement, je suis marginal et je l'ai toujours été.
Même en généalogie, il semble que je sois marginal.
Z-mag : Comment s'exprime cette marginalité?
Denis Beauregard : Il y a des gens qui vont construire en quelque
sorte le réseau de par leur activité intense. Par exemple, le
groupe fr.rec.genealogie, c'est moi
qui l'ai créé. J'ai organisé et compté le vote.
Et j'en ai profité pour créer fr.rec.humour au même moment! Les gens votaient pour les deux en même temps et je pense
que le fait d'avoir proposé le groupe de discussion sur l'humour a
permis d'avoir plus de votes pour le groupe de
généalogie!
Z-mag : Y a-t-il d'autres groupes de
généalogie?
Denis Beauregard : Il y a soc.genealogy.french. Lors de la
grande réforme du Usenet, en 1984, net.roots est devenu soc.roots.
Plusieurs années après, en 93, il y a un gars qui ne s'est pas
donné la peine de fouiller un peu - il faut dire qu'il n'est pas
évident que soc.roots serve à la généalogie -
et qui a créé alt.genealogy.
Par la suite, soc.genealogy a été créé, puis le
groupe a été divisé en sept nouveaux groupes, dont
soc.genealogy.french, dont je me suis occupé au début.
J'ai aussi été animateur de la conférence
FM-Généalogie, sur le réseau FrancoMédia. J'ai
d'ailleurs créé fr.rec.genealogie pour le relier à la
conférence FrancoMédia. Et ça fait plus d'un an que
j'essaie de me trouver un successeur, et je ne trouve personne!
De temps à autre, il y a des gens qui m'écrivent pour offrir
leur aide. Mais quand je leur explique tout ce qu'il y a à faire et
que je leur demande de choisir une tâche là-dedans, les gens
comprennent mal et croient que je leur demande de tout faire... Pourtant,
si dix personnes se distribuaient tout le travail que je fais
présentement, ça me permettrait de faire autre chose.
Je joue un peu le rôle du gardien dans les groupes de
généalogie. À chaque fois qu'il y a quelqu'un qui a
essayé de partir une discussion sur les tests nucléaires
français, parce qu'il y a le mot « french
» à l'intérieur du groupe, je réagis.
Au début, j'écrivais à la personne en lui disant que
son message n'avait pas d'affaire là et que si elle ne s'excusait
pas, j'allais écrire à l'administrateur de son
système. Mais c'est trop fréquent. Maintenant, j'écris
systématiquement au « postmaster
» de cette personne. Je ne veux aucune discussion politique dans
un groupe de généalogie.
Cet article a été mis en ligne le 19 décembre 1995
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