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La Brasserie Internet
Houblon et réalité virtuelle ne font pas bon mélange

La mode des cybercafés a fait son temps. Faites désormais place aux cyberbrasseries!

Ville Saint-Laurent, une banlieue-dortoir du nord-ouest de Montréal, sera l'hôte d'une première québécoise le 6 décembre prochain avec l'ouverture de la Brasserie Internet. Branchés et non initiés pourront y allier les plaisirs de la chair et de l'alcool avec les vertiges du cyberespace et du multimédia. De prime abord, l'ouverture d'un nouveau point d'accès public à Internet est une nouvelle réjouissante, puisqu'elle démocratise encore un peu plus l'accessibilité à ce gigantesque réseau des réseaux.

Mais il n'y aura pas de réalité virtuelle à la Brasserie Internet.
Le Conseil municipal, en effet, s'y est opposé!

Sur l'inforoute, aucun risque de péter la balloune. Les carambolages entre internautes sont plutôt rares dans le cyberespace! Aussi, ce n'était qu'une question de temps avant que les brasseries, qui attirent déjà nombre de clients avec des écrans géants et qui avaient jusque-là abandonné le marché du lieu public branché aux cybercafés, plongent elles aussi dans le Net.

Au lieu d'être forcés de se taper une autre défaite des Canadiens, les buveurs de bière auront enfin le choix d'apprécier le coup de pinceau de Frida Kahlo ou de lire La Bible interactive entre deux fish & chips.

Cette initiative de Montréal Internet, un fournisseur de services Internet de Ville St-Laurent, qui possède environ 60 % des actifs de Brasserie Internet inc., réjouira sans doute les adeptes des nouvelles technologies de l'information de la banlieue qui devaient se déplacer au centre-ville pour pratiquer leur hobby préféré.

En outre, la techno-brasserie ne fait pas que brancher quelques ordinateurs à un mur. En plus d'Internet, ses clients auront accès à un juke-box de CD-ROM intégré par réseau à chacun des vingt-deux ordinateurs du lieu. Tels autant de disc-jockeys des temps modernes, les amateurs de houblon pourront choisir parmi une multitude de CD-ROM. Jeux, programmes culturels et éducatifs, le multimédia fait ainsi une entrée fulgurante dans les tavernes qui, décidément, ne sont plus ce qu'elles étaient.

Les fondateurs de Brasserie Internet avaient de plus l'ambition d'offrir des jeux et des programmes culturels en réalité virtuelle. Casques de V.R., programmes et jeux, il ne manquait que l'approbation du Conseil de Ville St-Laurent pour aller de l'avant avec ce projet semblable à Cybermind, qui attire les foules au centre-ville.

Mais en s'appuyant sur un règlement municipal qui interdit les arcades sur son territoire, le Conseil a rejeté la demande de Brasserie Internet. « Ce qu'on veut faire n'a rien à voir avec une arcade, se défend Khuong Vo Thanh de Brasserie Internet. La Tour du CN a la même chose! Je crois néanmoins que le Conseil comprend et c'est pour ça qu'il n'y a pas eu de résistance farouche de notre part. Mais il reste que les habitudes sont longues à changer. »

Khuong Vo Thanh ne veut pas faire de remous avec cette histoire et il a confiance que les édiles locaux sauront bientôt faire la différence entre la réalité virtuelle et une machine de Mortal Kombat : « Lorsqu'on parle au Conseil, certains comprennent. Mais d'autres ne connaissent rien aux nouvelles technologies et ne réalisent pas que la réalité virtuelle, c'est aussi éducatif. » Après le « Bienvenue aux dames », à quand le jour où l'on pourra accrocher à l'entrée des tavernes une pancarte annonçant : « Bienvenue à la réalité virtuelle »?

La Brasserie Internet ouvrira ses portes le 6 décembre au 855 Décarie, angle Côte-Vertu, à l'endroit où logeait la Brasserie Boogies. Il en coûtera entre 6 et 8 $ l'heure pour l'utilisation des ordinateurs qui seront branchés directement sur une ligne RNIS (ISDN). C'est donc un accès ultra-rapide à l'Internet qui sera offert aux clients de la brasserie.
Reste à voir si le service aux tables sera tout aussi efficace!

Article paru, sous une forme différente, dans le Journal de Ville St-Laurent, sous la signature du même auteur, auquel nous sommes reconnaissants.

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