18 cartes pour comprendre le Québec de 2018

À quel point Montréal diffère du reste du Québec? Qu’est-ce qui caractérise les villes par rapport aux campagnes? En quoi les banlieues s’opposent aux centre-villes? Quel est le point commun entre les régions-ressources et les régions de villégiature?

Les 18 cartes ci-dessous répondent à ces questions, et à bien d’autres. Elles montrent la distribution de 18 variables socio-démographiques en fonction des 125 circonscriptions électorales qui seront en vigueur lors du scrutin du 1er octobre 2018.

L’intérêt d’utiliser les circonscriptions, outre l’actualité politique, est qu’elles permettent de découper le territoire du Québec en 125 parties à peu près égales. En effet, quand on fait des cartes du Québec avec les régions administratives, les municipalités régionales de comté (MRC) ou les municipalités, il y a toujours un déséquilibre entre Montréal et le reste du Québec. La ville ou l’île de Montréal ont une population qui dépasse, de très loin, celle des municipalités ou régions suivantes.

Le découpage par circonscriptions permet une représentation plus détaillée non seulement de la ville de Montréal, mais de toutes les grandes villes de la province (Québec, Gatineau, Saguenay, Trois-Rivières, Laval, Longueuil).

C’est ainsi que ces 18 cartes, qu’il est préférable de consulter sur un ordinateur ou une tablette (pour un meilleur affichage sur un téléphone, consultez cette version sur Medium), montrent mieux que tout autre type de représentation à quoi ressemble le Québec d’aujourd’hui.


Carte 01 – Le français comme langue la plus parlée à la maison

Cliquez sur la carte pour accéder à sa version interactive
En bleu foncé, sur cette carte, on a les circonscriptions où plus de 95% des gens ont le français comme principale langue parlée à la maison. On remarque qu’elles se concentrent dans la vallée du Saint-Laurent.

En bleu très pâle, presque blanc, ce sont celles où moins de 50% des gens parlent principalement le français à la maison. Ici, c’est la région de Montréal qui se distingue par sa blancheur.


Carte 02 – L’anglais

La distribution de l’anglais se concentre surtout le long des frontières avec l’Ontario, les États-Unis et le Nouveau-Brunswick, ainsi que dans l’ouest de Montréal.


Carte 03 – Langues non-officielles

En vert foncé, sur cette troisième carte, sont représentées les circonscriptions où plus de 30% de la population ne parle principalement ni l’anglais, ni le français à la maison. Ici, ce sont les circonscriptions de l’île de Montréal qui ressortent, mais également celles du Nord où les langues autochtones sont encore bien vivantes.


Carte 04 – Le français au travail

C’est une autre variable relative à la langue qui est cartographiée ici. La distribution du français comme langue utilisée au travail se révèle quelque peu différente de celle du français comme principale langue parlée à la maison. On remarque toujours une forte concentration dans la vallée du Saint-Laurent. Mais on dirait que le champ de force autour de la région de Montréal est encore plus fort.


Carte 05 – Origines autochtones

Plusieurs questions visaient à mesurer l’identité autochtone dans le recensement de 2016. L’une de ce questions demandait aux répondants s’ils revendiquaient une origine autochtone. La carte 05 montre une corrélation de cette identité avec les territoires des Premières Nations au Québec. Une circonscription de l’île de Montréal, Hochelaga-Maisonneuve, affiche cependant un taux de réponse supérieur à 5%.


Carte 06 – Âge médian

Les deux cartes suivantes concernent le vieillissement de la population. La première, la carte 06, cartographie simplement l’âge médian de chacune des circonscriptions. Les régions où la population tend à être la plus vieille sont la Gaspésie… et des régions de villégiature comme les Laurentides et l’Estrie.


Carte 07 – Jeunes vs. vieux

La carte 07 montre, pour sa part, le ratio entre deux cohortes de la population: les moins de 18 ans et les plus de 65 ans. On a ainsi un rapport jeunes/vieux, que j’ai baptisé le « ratio 18/65 » qui nous dit combien d’aînés il y a dans chaque circonscription pour 100 mineurs.

Les régions où il y a un « surplus » d’aînés ressemblent à ce que nous donnait la carte 06. Mais ce ratio fait ressortir d’autres phénomènes. Ainsi, même si Westmount-Saint-Louis affichait un âge média relativement jeune de 39,9 ans, on y trouve un ratio 18/65 important: pour 100 jeunes de moins de 18 ans vivant dans cette circonscription, il y a 158 personnes âgées de plus de 65 ans!

Le ratio fait également ressortir plus clairement la jeunesse relative des banlieues, surtout le nord de Québec et le nord de Montréal. Sans compter Ungava, où on ne compte que 23 aînés pour 100 jeunes de moins de 18 ans!


Carte 08 – Ratio homme/femme

Un autre ratio, plus classique, est illustré par la carte 08: le rapport homme/femme. Elle montre qu’il y a généralement un équilibre entre le nombre d’hommes et de femmes au Québec, sauf dans les villes. De nombreuses circonscriptions urbaines affichent en effet un nombre plus important de femmes que d’hommes. Certaines, comme D’Arcy-McGee comptent moins de 9 hommes pour 10 femmes!

Il y a une exception notable: Sainte-Marie-Saint-Jacques, où c’est l’inverse. Dans cette circonscription qui englobe le Village gai de Montréal, on compte près de 125 hommes pour 100 femmes!


Carte 09 – La carte de la solitude

Cette carte est peut-être la plus triste. Elle représente la proportion de personnes vivant seules. Ici encore, le contraste urbain-rural est frappant. C’est en ville qu’on retrouve le plus de ménages composés d’une seule personne. Le record est détenu par la circonscription de Taschereau, à Québec, où 57,8% des ménages sont faits de gens qui vivent dans la solitude.


Carte 10 – Familles monoparentales

Une famille de recensement se distingue d’un ménage par la présence d’un enfant, selon la définition de Statistique Canada. La carte 10 montre la distribution de ces familles lorsqu’elles sont composées d’un seul parent. Bourassa-Sauvé y concentre les extrêmes à cet égard. C’est dans cette circonscription du nord de l’île de Montréal qu’on retrouve la plus grande proportion de familles monoparentales (près de 31%) et la plus grande proportion de familles monoparentales dirigées par une femme (85,5%).


Carte 11 – Éducation

Bien que seule la proportion de personnes ne possédant aucun diplôme est cartographiée sur la carte 11, vous y trouverez, pour chacune des circonscriptions, des information sur le nombre de personnes qui possèdent un diplôme d’études secondaires, un diplôme d’études collégiales, un bacc et un doctorat.


Carte 12 – Revenu des ménages

On n’a plus les quartiers riches qu’on avait. La carte 12 représente les circonscriptions où la proportion de ménages gagnant plus de 100 000 $ par an est la plus grande. C’est dans les banlieues de Montréal, de Québec et de Gatineau qu’on en retrouve le plus. Adieu Westmount et Sillery. Dites bonjour à Saint-Bruno, Senneville et Fontainebleau.


Carte 13 – Disparité des revenus

Mais la carte 12 ne dit peut-être pas tout. Je voulais initialement représenter, pour la carte 13, le revenu médian. Je me suis cependant rendu compte que dans certaines circonscriptions traditionnellement aisées, ce revenu médian était étrangement bas… et que dans ces mêmes circonscriptions, le revenu moyen était très élevé.

Comme l’explique ce billet de blogue du site de visualisation de données Datawrapper, un revenu moyen beaucoup plus élevé qu’un revenu médian est un signe de mauvaise répartition de la richesse. Je me suis donc créé un indice de disparité des revenus en soustrayant le revenu médian du revenu moyen, puis en divisant la différence par le revenu médian.

Plus le résultat se rapproche de zéro, plus cela veut dire que la moyenne et la médiane sont identiques et, donc, que les revenus sont bien distribués dans la circonscription. Inversement, plus on s’éloigne de zéro, plus cela est un signe d’écarts importants dans la répartition de la richesse.

Au Québec, il appert que les revenus sont généralement assez bien répartis, selon la carte 13, sauf dans certaines circonscriptions traditionnellement riches des pourtours du mont Royal et des banlieues de Montréal (Laporte [Saint-Lambert]) et de Québec (Jean-Talon [Sillery]).


Carte 14 – Taux de chômage

Cette carte représente le taux de chômage tel qu’il a été mesuré par le recensement de 2016. En blanc, les circonscriptions qui connaissaient déjà le plein emploi (taux inférieur à 5%): le Québec métropolitain et la vallée du Richelieu, surtout. On se rend compte, aussi, que certains quartiers de Montréal subissent un chômage aussi grave que celui de bien des régions-ressources.


Carte 15 – Transport en commun

Quelle proportion de la population active se sert des transports en commun pour se déplacer jusqu’à son lieu de travail? Lorsque c’est plus du quart, la circonscription est représentée en vert foncé.


Carte 16 – Locataires

Où vivent les locataires? Sans grande surprise, surtout dans les villes. La carte 16 présente, en turquoise foncé, les circonscriptions où plus des deux tiers des ménages sont locataires. Cette carte est intéressante parce qu’elle fait bien ressortir les différences entre les milieux urbains et ruraux. Les villes de la périphérie de Montréal, comme Joliette, Saint-Jérôme, Salaberry-de-Valleyfield, Saint-Jean et Saint-Hyacinthe, se distinguent assez nettement des banlieues les séparant de la métropole.


Carte 17 – Valeur des propriétés

Lorsque les ménages sont propriétaires, combien vaut leur maison? La carte 17 montre, en rouge foncé, les circonscriptions où cette valeur dépasse 400 000 $. La valeur moyenne des propriétés au centre-ville de Montréal (Westmount-Saint-Louis) est très proche du million de dollars.


Carte 18 – Nombre de pièces par logement

Une des statistiques les plus intéressantes, parce que rarement cartographiée, le nombre de pièces par logement est un autre révélateur des différences entre le centre des villes et leurs banlieues. Alors que dans la plupart des circonscriptions du Québec les logements comptent de 5 à 6 pièces, on voit que dans les centre-villes, les logements ont 4 pièces, voire moins. À l’inverse, dans certaines circonscriptions de banlieue comme Blainville ou Montarville, les « monster homes » font grimper le nombre moyen de pièces par logement à 7 ou davantage.

En prime, le panneau d’information de cette page vous renseigne sur le nombre moyen de personnes par ménage. Dans aucune circonscription du Québec ce nombre ne dépasse 3 personnes… sauf Ungava.


Sources et notes méthodologiques

Les données cartographiées sont extraites des dossiers socio-économiques par circonscription du Directeur général des élections du Québec.

Le fond de carte est également fourni par le DGEQ.

J’ai effectué une sélection de différentes statistiques pertinentes et les ai intégrées au fond de carte sous la forme d’un fichier GEOJSON que je rend public afin de permettre à d’autres personnes de faire de meilleures représentations interactives des mêmes données.

Cette série est une réédition d’un projet réalisé en 2014 après le dernier scrutin provincial. Je l’avais intitulé qc125, avant l’apparition de l’excellent site de projections électorales QC125.com de Philippe J. Fournier.

Enfin, une version de ce texte mieux adaptée à un téléphone est accessible ici.

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4 réponses

  1. Serge Proulx dit :

    Bravo Jean-Hugues pour ce travail de fond !

  2. Chantal Aurousseau dit :

    Très instructif… et très impressionnant au regard du travail réalisé et de la générosité de le rendre public!

  3. Nathalie Chartier dit :

    Félicitations, vraiment intéressant Merci!

  1. décembre 17, 2019

    […] où les promesses et les engagements s’accumulent depuis le début de la campagne électorale. Un portrait détaillé dressant le profil socioéconomique de chacune d’entre elles vient jeter un éclairage […]

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