Journalisme et techno à l’UQAM – Débrouillardise numérique

Je me «replogue». Je reblogue.

Pour ce premier billet de l’automne, j’ai envie de raconter comment j’ai hacké le programme de journalisme de l’UQAM. J’y enseigne depuis 2008, mais n’y suis professeur «full patch» que depuis 2011.

Le programme, dont le nom officiel est baccalauréat en communication (journalisme), existe depuis 1995. Vu son grand âge, il a fait l’objet d’une évaluation. Une des critiques formulées par les auteurs du rapport, ainsi que par des étudiants ayant récemment obtenu leur diplôme, était que le programme ne reflétait pas suffisamment l’évolution des technologies.

Pourtant, un cours d’initiation aux technologies numériques (siglé EDM5050) existe. Il s’agit en fait d’un atelier obligatoire que suivent, dès leur première année, tous les étudiants du bacc en communication, qu’ils soient en relations publiques, en cinéma ou en journalisme. Mais les étudiants en journalisme rapportaient que le cours était nettement insuffisant: ils y apprenaient Photoshop et DreamWeaver. Et c’est tout. Je sais que d’autres enseignants donnent davantage de matière, mais ceux en journalisme avaient soif de plus.

Créer un nouveau cours dans une université, c’est long. Mettre à jour tout un programme, ça l’est davantage. La refonte du programme de journalisme de l’UQAM est en cours grâce au travail acharné de mes collègues. Mais une institution peut parfois être un gros paquebot.

Au printemps 2012, j’ai donc travaillé à l’échelle d’un seul cours et entamé un «reset» du EDM5050 pour les étudiants en journalisme. Il s’est agi d’une rénovation complète de son contenu. J’ai en quelque sorte acheté la propriété. J’ai démoli la maison. Et j’en ai construit une toute neuve sur le terrain.

Résultat, un cours plus complet, plus complexe, plus exigeant, dont un des principaux objectifs est de rendre les étudiants plus débrouillards avec les technologies numériques… qu’ils ne connaissent souvent qu’en surface.

Je l’ai donné une première fois en 2012 (lien vers le blogue du cours de cette session-là). Pour la session d’automne 2013, les étudiants auront droit à une édition revue et augmentée qui couvrira, notamment:

  • Le raisonnement quantitatif, aussi appelé la «numératie» (s’il faut savoir écrire, en journalisme, il est tout aussi essentiel de savoir compter);
  • L’histoire des technologies numériques;
  • Les paramètres du numérique (c’est quoi un octet, la profondeur de bits, le débit binaire, la compression, etc.);
  • Les fonctions avancées des tableurs (Excel, OpenOfficeCalc, etc.) utiles en journalisme;
  • Les outils essentiels pour le journalisme de données;
  • Sous le capot du web (HTML, CSS, JavaScript).

L’an dernier, les étudiants avaient, entre autres travaux, à réaliser une base de données. Je me trompe peut-être, mais j’ai l’impression que c’est la première fois au Québec que des étudiants font du journalisme de données dans le cadre de leurs cours. Tous les exemples que je trouve en ligne sont américains.

L’objectif, ici, c’est de donner à ces «natifs du numérique» les réflexes du bidouilleur, du hacker au sens noble («white hat») du terme. Ce sont des réflexes essentiels dans ce métier. Car quand on y pense bien, les journalistes sont des hackers sociaux. Ils vont voir sous le capot de la société pour découvrir son fonctionnement caché et trouver ce qui y cloche. Puis, ils rapportent les failles qu’ils découvrent afin qu’elles soient corrigées. Jules Bonnard, sur le site de la Chaire Convergences de Sciences Po Grenoble, racontait bien là où je veux en venir.

J’utilise tumblr pour la version 2013 du cours. Allez y jeter un coup d’œil.

Et à bientôt 🙂

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1 réponse

  1. septembre 8, 2016

    […] à l’UQAM. Nos étudiants en journalisme y suivent notamment deux cours inédits. Un peu comme je l’avais fait en 2013, j’essaie de les pousser à devenir plus «numériquement débrouillards». Je souhaite […]

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