Airbnb en perte de vitesse au Québec
Alors que le gouvernement du Québec cherche à mieux encadrer l’hébergement touristique avec son projet de loi 67, déposé le 22 octobre dernier afin de lutter notamment contre Airbnb, il appert la popularité de ce site fléchit dans la Belle province. C’est ce qui ressort d’une mise à jour de l’analyse que j’avais faite en décembre dernier de l’utilisation de cette plateforme en ligne de partage de logements au Québec.
Entre le 22 et le 25 octobre, j’ai procédé à une nouvelle extraction de données du site Airbnb (voir la méthodologie, plus bas) qui révèle que:
- 6407 logements y sont offerts au Québec (il y en avait 7867 en décembre dernier, ce qui représente une diminution de 18,6% en un peu moins d’un an);
- Les gros locateurs sont toujours aussi rares: 88,2% des gens qui offrent des logements sur Airbnb n’en offrent qu’un seul (il y en avait 87,0% en décembre dernier).
- Le prix moyen demandé est de 118,95$ la nuitée, mais cela n’inclut pas les différents frais qui peuvent être exigés (ménage, draps, etc.).
Carte
Voici d’abord, dans la carte interactive ci-dessous, la distribution de ces 6407 chambres, appartements, maisons ou chalets offerts aux touristes entre le 22 et le 25 octobre 2015. On remarque les mêmes concentrations que celles qu’on avait remarquées en décembre 2014 dans les quartiers centraux des grandes villes, ainsi que dans les Laurentides et en Estrie (lien direct vers la carte).
Top-5 des gros annonceurs québécois
Voici le tableau des cinq annonceurs qui ont le plus de logements sur Airbnb au Québec. Ce sont certainement le type d’utilisateurs que la ministre du Tourisme Dominique Vien a dans sa mire. Le problème, c’est qu’il n’y a qu’une poignée de Québécois qui sont des utilisateurs fréquents d’Airbnb. Je n’en ai trouvé que 68 qui offrent cinq logements ou plus. C’est 1,3% de l’ensemble des locateurs québécois sur le site.
Photo | Nom | Nombre d’annonces | Infos |
Likeahotel | 35 | Membre depuis 2011, cet usager ne cache pas qu’il veut faire « comme un hôtel ». | |
Viocary & Giulia | 30 | Se décrivant comme « citoyenne du monde », cette utilisatrice semble offrir des appartements à Montréal, Québec et Mont-Tremblant. | |
Martine | 29 | Martine dit être dans le domaine de l’hébergement depuis 15 ans. Elle a récemment fait l’acquisition d’une agence de location de chalets. | |
James | 17 | James faisait partie de notre palmarès en 2014. Le nombre de logements qu’il offre près d’un an plus tard n’a pas progressé. | |
Gaël | 17 | Ex-aequo avec James au cinquième rang, cet utilisateur ne donne aucun détail sur lui-même dans son profil. |
Méthodologie
Il a été plus difficile d’extraire les données cette fois-ci. Airbnb semble avoir mis en place des mécanismes pour prévenir le scraping de son site. Mes scripts se sont régulièrement cognés à une porte fermée qui prenait la forme d’une « erreur 503: Service temporairement indisponible ».
En allant voir sur le site, on se rendait compte que la plupart des pages d’Airbnb étaient remplacées par cette amusante page d’erreur avec une mignonne infographie montrant une petite fille qui voit la crème glacée de son cornet tomber par terre. Ah! Le sens de l’humour des geeks!
Ce fut donc plus ardu, mais j’ai malgré tout pu procéder à une extraction en trois grandes étapes.
La première ressemble à ce que j’avais fait en décembre 2014: une recherche avec l’expression « Québec, Canada ». Cela donne vraiment les logements dans la province de Québec et non seulement la ville de Québec.
Airbnb nous dit que cette recherche donne plus de 300 résultats, sans nous en préciser le total. Pour avoir des résultats plus précis, il faut y aller par fourchette de prix. En décembre dernier, j’avais procédé par intervalle de cinq dollars. Cette fois-ci, pour obtenir un plus grand degré de précision, j’ai utilisé des intervalles d’un dollar: tous les logements offerts au Québec entre 10$ et 11$, puis tous ceux entre 11$ et 12$, puis entre 12$ et 13$ et ainsi de suite jusqu’à 1500$.
Il suffit, pour cela, de changer deux valeurs dans l’URL ci-dessous, les valeurs price_min
et price_max
:
https://fr.airbnb.ca/s/Quebec--Canada?price_min=104&price_max=105
Cela a donné une première extraction avec plus de 12000 logements. Le 22 octobre, j’ai erronément affiché sur Facebook et Twitter le résultat de cette première extraction. Elle contenait cependant de nombreux doublons et des résultats situés à l’extérieur du Québec, ce que je savais pourtant, puisque cela avait aussi été le cas en décembre dernier, mais que j’avais bêtement oublié dans mon empressement pour aider des étudiants qui faisaient ce jour-là un reportage sur le dépôt du projet de loi 67…
En éliminant les doublons, il restait exactement 9300 logements. L’étape suivante a consisté à télécharger le code HTML de chacune des pages d’annonces pour ces 9300 logements à l’aide d’un 2e script. Dans ce script, j’ai utilisé différentes méthodes pour éviter de me faire rejeter par Airbnb.
Ce qui a finalement été le plus efficace s’est avéré l’utilisation de la commande wget
en modifiant aléatoirement différents paramètres… ainsi que de faire régulièrement redémarrer mon modem afin que mon fournisseur d’accès m’attribue une nouvelle adresse IP!
Une fois tous les fichiers HTML téléchargés sur mon ordinateur, un 3e script a pu extraire plus facilement et plus rapidement les informations essentielles sur chaque logement. Le script s’assurait également de les géolocaliser précisément à l’aide de l’API G.O.LOC du Service de géolocalisation du ministère de la Sécurité publique du Québec.
Le script a produit, à la fin, un fichier CSV duquel j’ai ensuite extrait tous les résultats ne se trouvant pas au Québec pour donner, au final, 6407 logements offerts. Le fichier nettoyé est accessible ici.
super travail, c’est la mairie de paris qui serait heureuse de t’avoir dans ces locaux 😉
Merci!
Pour un travail encore plus approfondi, mais sur Montréal seulement, voir Radio-Canada: http://ici.radio-canada.ca/regions/montreal/2015/12/04/004-hausse-annonces-location-appartements-tourisme-airbnb-loi-quebec-carte.shtml