L'Électron libre

1er zap - Juin 1995

L'hyper-entrevue

Jacques Parizeau


Thème #13


Q. : On va enlever votre chapeau de ministre de la Culture. Jean Doré et Pierre Bourque ont tous deux réclamé un nouveau pacte fiscal pour la métropole. Vous, vous êtes député de banlieue, allez-vous le donner, ce nouveau pacte?

R. : Ça se présente comme ceci: la situation fiscale de Montréal, avec l'établissement de la surtaxe, en particulier, a créé graduellement une situation où pour un petit commerçant ou un petit industriel, ça devient any place but Montreal. Ça, c'est pas bon. Quand on a commencé à parler de nouveau pacte fiscal avec Doré et qu'on en parle avec Bourque.

Q. : Y veulent une compensation, et pas seulement pour Montréal, mais pour toutes les villes centre...

R. : J'y arrive. La situation qui est apparue à Montréal est souvent la même dans ce qu'on appelle les villes-centre, à cause de l'effet du trou de beigne, bien connu. Quand j'étais président de la Commission d'étude sur les municipalités en 86, les trous de beigne, j'en ai entendu parler à travers tout le Québec!


Q. : Mais le plus gros, c'est Montréal.

R. : Le plus gros, c'est Montréal. Ça c'est clair. Il y a d'autre chose à Montréal qui sont important: quand l'ex-maire Doré disait: "Sur mon territoire, j'ai 40 % des pauvres du Québec et je n'ai pas les moyens de faire quoi que ce soit", il avait raison. Écoutez, il y a, quoi, 15 000, itinérants. On demande aux villes de faire un travail impossible avec les ressources qu'elles ont.

Alors il faut que... un pact fiscal, ça se fait avec tout le monde, toutes les municipalités. Depuis plusieurs mois, Guy Chevrette, à la Table sur les municipalités, avance dans ce domaine-là. Étant entendu que quand on lâche quelque chose, quand on offre quelque chose, mettons, à Montréal, dans un domaine fiscal, c'est étendu à toutes les villes-centre et, à plus forte raison, toutes les villes possiblement. Alors, il faut rentrer là-dedans avec prudence, et faire ses calculs au fur et à mesure qu'on avance.

Dans l'intervalle, il faut quand même donner une chance au maire Bourque de soulager un peu les contribuables de Montréal.

Alors ce sur quoi on s'est entendu au début de l'année, 95-96, ça a été de poser des gestes ponctuels qui ne sont pas exportables. Par exemple: faire disparaître la surtaxe en deux ans. Ça, ça implique 50 millions. Par année. Cette année, les discussions fiscales avec les municipalités son pas assez avancées, alors qu'est-ce qu'on a fait?

[Touchdown]

On lui a fourni 50 millions de dollars par l'achat de propriétés: on a acheté le Casino. Montréal était propriétaire du Casino. C'est Loto-Québec qui l'exploitait. On l'a acheté. On a acheté la Maison du Québec, pour un agrandissement du Casino qui est à côté. On a acheté un terrain de stationnement à côté. Et on a payé 50 millions pour ça. Ça, c'est pas exportable où que ce soit ailleurs au Québec.


Q. : Mais ce n'est pas de l'argent neuf, ça...

R. : Ha! Bien je comprends que c'est de l'argent neuf! Et comment donc! Bien sûr! C'est du cash!


Q. : Ce n'était pas un équivalent de valeur foncière?

R. : Le calcul a été fait sur ce plan-là. Le paiement des en-lieu de taxe a justement été examiné pour faire disparaître pour que ça s'égalise. C'est 50 millions cash, qui a été fourni. Et là, la solution fiscale est en train d'être élaborée à la Table Québec-municipalités.

Est-ce que ça va être prêt pour l'année 96? Je ne sais pas. Dans l'intervalle, ce qu'on a fait avec Montréal, au-delà de ce 50 millions cash, ça a été toute une série de projets ponctuels pour Montréal. Là, y vient par exemple une sorte d'entente de principe pour le Vieux Montréal qui en train de se faire, qui est très intéressante. Moi, je cherche à... je fais avancer une série de dossiers... vous savez, on donne un coup de main à la Ville de Montréal pour faire avancer des dossiers ponctuels. Ça, le maire Bourque, ça l'intéresse, parce que, il y a une foule de dossiers en tête où on peut donner un coup de main. Alors l'échéance viendra quand? L'échéance viendra quand un pacte fiscal va se dessiner à la Table Québec-municipalités.


Q. : Quand?

R. : Écoutez: on sait quand on commence, mais... Je sais une chose, c'est que le pacte fiscal de 1980, qu'on avait mis au point avec l'ensemble des municipalités, qui avait été signé, hein - ce n'était pas du pelletage de factures, ça a été signé par tout le monde: ça nous a pris onze mois.


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Textes & photos & graphisme : Jean-Hugues Roy; mai 1995
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